CHAPITRE 7 : CAMPAGNE A LA CAMPAGNE {Journal d’une konkat, à la découverte du Cambodge}

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CHAPITRE 7 : CAMPAGNE A LA CAMPAGNE

Comme en France, avant les élections, les maires, les députés ou encore les candidats à la présidentielle, font campagne. On les voit le dimanche au marché, tract à la main, visiter des entreprises, faire des conférences à la télé… Au Cambodge, c’est à la fois plus impressionnant et plus rudimentaire. Plus impressionnant, car en campagne, il peut y avoir des cortèges monstres à l’effigie du candidat semblable à un défilé du nouvel an chinois ou à la cohue sur les Champs-Elysées après la victoire de la France à la coupe du Monde.

En parallèle, des visiteurs inédits passaient au village. Ce serait mentir de dire que je connaissais tous les habitants de Trean mais, il est vrai que passer 5 jours sur 7 au village m’avait habitué aux visages des villageois. Il était surprenant de voir ces personnes plutôt bien habillées, debout sur un camion plein à craquer. Packs d’eau, shampoings, fournitures scolaires, sacs de riz…il y en avait par centaines. Etait-ce des bénévoles qui avaient l’intention d’en faire dons ? ça aurait pu mais leur casquette distinctive affichant leur préférence politique en disait long sur leurs intentions. « Ils veulent nous acheter » m’avait-on soufflé.

Je compris rapidement les objectifs de ce convoi. Offrir des produits de première nécessité, était une manière de convaincre ces populations rurales, où les revenues sont faibles. Dans quel but ? Pour les inciter à voter pour le parti. 

Au Cambodge, 50% de la population à moins de 18 ans et la plupart des personnes vivants dans les bourgades cambodgiennes sont agriculteurs. Ils ont eu une scolarité souvent limitée à l’école primaire et ont rapidement commencé à travailler dans les champs, les usines ou encore en tant qu’ouvrier dans les nombreux chantiers du Cambodge ou des pays voisins. Il est tentant de se dire que le stratagème de la « générosité » a plus de chance de fonctionner par rapport à un congrès politique ou une distribution de tracts.  Visiblement les habitants n’étaient pas tous dupes. M. Bunthoeun, par exemple, le responsable des travaux de génie civil du projet était bien conscient des intentions réelles du convoi. Il m’en alerta, moi qui, naïvement, croyais en la générosité de certaines figures importantes du Cambodge. Je le comprendrai par ma propre expérience, bien des semaines plus tard.

jeune agriculteur du village de Penh

Afin de mettre en œuvre le projet dans sa globalité et telle que conçue par AMICA, il nous fallait des fonds supplémentaires. L’idée du crowdfunding est arrivée sur la table. Avec l’aide précieuse d’Antoine, mon coloc-collègue, notre page de financement participatif a été rapidement mise en ligne. Elle était idéale pour encourager nos proches, nos amis d’amis, nos connaissances d’amis de famille…en France à participer au projet. « Et si on cherchait du soutien, sur place, ici au Cambodge ? » me disais-je. C’était tout de même un projet qui concernait les Cambodgiens. Qui mieux qu’eux auraient envie de donner ? » me disais-je. Des familles khmères fortunées, ce n’est pas ce qui manque contrairement à ce qu’on pourrait croire.   Il y avait également beaucoup d’investisseurs étrangers ou des expatriés qui étaient sur place. Vous l’aurez compris, il était possible de trouver des personnes susceptibles d’être touchées par le projet directement sur place. Encore fallait-il que je côtoie la haute sphère de la société khmère…

crowdfunding lancé pour le projet L’H2Otus
jade_julie
Explor-autrice du Monde!
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